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Mont-Kaaikop

Mont-Kaaikop

Le territoire de la MRC des Laurentides regorge de lieux portant une toponymie autochtone, témoignant non seulement de leur présence sur le territoire, mais aussi de l’importance culturelle et spirituelle qu’avaient différents sites du territoire de la MRC.

Mont-Kaaikop

La montagne est devenue un symbole identitaire de la région grâce au mouvement de protection et de conservation de la nature qui s’y est développé depuis 2013. Le mont Kaaikop figure parmi les lieux recensés lors de la commission sur la toponymie autochtone dans les années 1990. Ce recensement a permis de comprendre à quel point « la toponymie algonquine constitue un élément important de la culture des Anishinaabes, car elle rappelle aux membres de cette nation la fréquentation millénaire de lieux anciens où la chasse, la pêche, la trappe et la cueillette des petits fruits constituaient la base de leur culture nomade. »1

Le mot Kaaikop, un mot anishinaabe, se traduit en français par « là où l’espace est dénudé, escarpé, en hauteur et rocheux ». Ce terme décrit le sommet de la montagne, qui a longtemps servi de point de repère pour les communautés autochtones qui traversaient le territoire, notamment les Kanien'kehá:ka, les Anishinaabes et les Atikamekws.

Le mont Kaaikop est le deuxième plus haut massif des Laurentides et abrite une biodiversité exceptionnelle. Il couvre 40,5 km2 de forêts matures et anciennes qui constituent des refuges essentiels pour la faune locale. On parle notamment d’ours, d’orignaux, de chevreuils, de loups, de coyotes, de renards et de petits gibiers.

Au pied de la montagne se trouve la base de plein air l’Interval. Ce site est dédié aux activités récréatives en nature depuis 1948 et devient, en 2014, une coopérative de solidarité afin de favoriser la mobilisation de la communauté dans le but de préserver le patrimoine naturel.2 Cette mobilisation a pour objectif de faire inscrire le mont Kaaikop au registre officiel des aires protégées du Québec.

Mont-Kaaikop

Au printemps 2013, les gens de la région apprennent, un peu accidentellement, que le mont Kaaikop s’apprête à subir des coupes forestières prévues pour janvier de l’année suivante. Rapidement, un groupe se mobilise pour tenter de mettre un frein à ce projet de coupe forestière et sauver le mont Kaaikop. Au même moment, une nouvelle loi entourant la gestion des forêts venait d’être votée, exigeant la consultation du public avant toute coupe dans différentes régions. Armée d’une pétition de 7000 signatures, le groupe réussit à prouver que cette consultation citoyenne n’avait jamais eu lieu. Avec un jugement coup de poing rendu par la juge Claudine Roy, une injonction interlocutoire est accordée, permettant de suspendre les coupes forestières jusqu’à l’audition du litige sur le fond.3

Ce jugement constitue une première victoire pour le regroupement qui se formera alors officiellement en coalition pour mener la longue bataille pour protéger le mont Kaaikop.

Plusieurs recherches universitaires et campagnes de caractérisation sont menées sur la montagne afin de cataloguer les espèces présentes et mieux connaître et comprendre les milieux naturels qu’elle abrite. Ces données permettront de démontrer l’importance de préserver ce milieu naturel qui, avec ses forêts anciennes, constitue une rareté pour le sud du Québec.

En 2018, une étude est menée pour évaluer la valeur économique du mont Kaaikop dans une perspective de conservation comparativement à sa valeur économique pour des coupes forestières. Cette étude quantifie certains aspects, comme la production de produits forestiers ligneux, la régulation du climat par le stockage de carbone et la valeur de l’habitat pour la biodiversité. Elle examine également des aspects comme la valeur récréotouristique du site, l’attrait esthétique de la montagne ainsi que la valeur culturelle pour les communautés autochtones.4

La montagne se trouve d’ailleurs tout près de Tioweró:ton, un site protégé servant de territoire de chasse et de pêche pour les communautés Kanien'kehá:ka de Kahnawà:ke et de Kanehsatà:ke. Ces dernières se joignent à la cause pour protéger le mont Kaaikop, en raison des répercussions que les coupes forestières pourraient avoir sur leurs activités de chasse et de pêche.

Dans le cadre de ce projet, la MRC est allée à la rencontre d’aînés afin d’en apprendre davantage sur leur culture et leur relation avec la nature. Lors de cet échange, Alice Jérôme, de Pikogan, a raconté les incidences que ces coupes forestières ont sur leur culture.

« La foresterie est venue sur notre territoire couper tous nos arbres… Ça a été très touchant pour mon père. C’est comme si sa vie avait été coupée. C’était ça, sa vie. Pis tout a été coupé, les arbres. Pis c’est pas juste couper les arbres, c’est les animaux, les plantes, la médecine… c’est toute là. Tout ce qui était important pour nos vies, notre subsistance… »

« Ils ont coupé notre culture. C’est là qu’on apprend notre langue, à parler. »

L’échange avec Alice Jérôme témoigne de l’importance culturelle que représentent la forêt et les arbres. L’étude commandée par la Coalition en 2018 permettra d’ailleurs de démontrer, en chiffres, que la valeur du mont Kaaikop est plus grande en tant qu’aire protégée que par les revenus générés par les coupes forestières sur ses flancs. Cette démonstration est une victoire de plus pour la Coalition de conservation, et une preuve supplémentaire que la nature est un puissant vecteur culturel.

Plusieurs dizaines de milliers de dollars ont été investis au fil des années pour caractériser la forêt et bien démontrer l’importance de désigner ce site comme une aire protégée au sens de la loi. L’acharnement et le dévouement de la Coalition ont d’ailleurs été récompensés en 2021 par un important investissement de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP). Cet investissement aura permis à la Coalition de compléter les recherches et la documentation entourant la montagne, mais surtout de développer la vision et la stratégie de conservation qui ont été déposées au ministère de l’Environnement en début mai 2025.

En décembre 2022, forte de l’appui de 17 municipalités de la région et celui des MRC des Laurentides et de la Matawinie, la Coalition reçoit l’avis du gouvernement pour confirmer leur intention de faire du mont Kaaikop une aire protégée. Un an plus tard, le Conseil des ministres décrète une mise en réserve administrative des territoires du mont Kaaikop en vue de la création juridique de l’aire protégée Mont Kaaikop.

À l’échelle de la province, et même du pays, le travail à accomplir pour atteindre les cibles en matière de création d’aires protégées demeure considérable. Toutefois, l’histoire du mont Kaaikop et de la Coalition Conservation Mont Kaaikop est assurément un exemple de réussite et une source d’espoir pour le reste du territoire.

Avec la création d’une aire protégée, l’aspect sacré de la montagne se trouve ainsi protégé. Pour les peuples autochtones, les montagnes sont une source de vie. Dans l’extrait qui suit, Kevin Deer de Kahnawà:ke, illustre l’importance des montagnes et le symbolisme qu’elles représentent.

Références

  • 1 https://toponymie.gouv.qc.ca
  • 2 https://intervalcoop.com
  • 3 https://www.lapresse.ca
  • 4 https://ici.radio-canada.ca

Mount Kaaikop

Mont-Kaaikop

The MRC des Laurentides is full of places with names that bear witness to the Indigenous culture and the spiritual importance of those places within the MRC's territory.

Mont-Kaaikop

Mont-Kaaikop has become a symbol of the region's identity thanks to the nature protection and conservation movement that has been taking place there since 2013, but it is also one of the places listed by the commission on Indigenous place names in the 1990s. This census also helped to highlight how, “Algonquin toponymy is an important part of Anishinaabe culture because it reminds members of this nation of their millennia-old use of ancient sites where hunting, fishing, trapping, and berry picking were the basis of their nomadic culture.”

The word “Kaaikop", an Anishinaabe word, translates into English as “where the land is bare, steep, high, and rocky.” The word describes the mountain peak, which has long served as a landmark for Indigenous communities traveling through the territory, including the Kanien'kehá:ka, Anishinaabe, and Atikamekw peoples.

Mount Kaaikop is the second highest mountain in the Laurentians and it is home to exceptional biodiversity. It covers 40.5 km2 of mature and ancient forests, which provide essential refuge for the wildlife that lives there. This includes bears, moose, deer, wolves, coyotes, foxes, and small game.

At the foot of the mountain lies the Interval Outdoor Recreation Centre. This site has been used for outdoor recreation since 1948. In 2014, it became a solidarity cooperative to facilitate community mobilization with the aim of preserving the natural heritage. The ultimate goal of this mobilization was to have Mont-Kaaikop officially recognized as a protected area in Quebec.

In the spring of 2013, local residents learned somewhat accidentally that Mont-Kaaikop was about to undergo logging, which was scheduled to begin in January of the following year. A group of concerned citizens gathered together to try to stop the logging project and to save Mont-Kaaikop. 2

Mont-Kaaikop

Meanwhile, the Quebec government had just passed a new law on forest management that requires public consultation before logging can take place in different regions. Armed with a petition bearing 7,000 signatures, the citizen’s group was able to prove that this public consultation had never taken place. In a landmark ruling, Judge Claudine Roy issued a temporary injunction suspending logging until the merits of the case could be heard.

This ruling was a first victory for the group, which then officially formed a coalition to lead the long battle to protect Mont-Kaaikop.

Several academic research projects and characterization campaigns are expected to be carried out on the mountain to catalog the various species of wildlife found there and the natural habitats it contains. This information will illustrate the importance of conserving this natural environment, which, with its old-growth forests, is a rarity in southern Quebec.

A study was conducted In 2018 to determine the economic value of Mount Kaaikop from a conservation perspective, as opposed to its economic value for logging. This study quantified aspects such as the production of wood products, climate regulation through carbon storage, and the value of the habitat for biodiversity. It also considered the aesthetic value of the mountain, as well as its potential for tourism and recreation and its cultural value for Indigenous communities.

The mountain is located very close to Tioweró:ton, a protected site used as a hunting and fishing ground by the Kanien'kehá:ka communities of Kahnawà:ke and Kanehsatà:ke. Given the impact that logging would have on their hunting and fishing activities, these communities joined the coalition to protect Mont-Kaaikop.

As part of this project, the MRC met with community elders to learn more about their culture and their relationship with nature. During this exchange, Alice Jérôme of Pikogan recounted the impact of logging in her region on their culture:

“The forestry industry came to our territory and cut down all our trees... It was very upsetting for my father. It was as if his life had been cut down. That's his life. And then everything was cut down, the trees. And it's not just cutting down trees, it's the animals, the plants, the medicine... it's everything. Everything that was important to our lives, our livelihood...They cut down our culture. That’s where we learn our language, how to speak.”

The exchange with Alice Jérôme demonstrates the cultural importance of forests and trees. The study commissioned by the Conservation Coalition in 2018 was able to demonstrate in figures that the value of Mont-Kaaikop is greater as a protected area than the sums it would generate from logging on its slopes. This demonstration is another victory for the Conservation Coalition and further proof that nature is an important cultural vector.

Tens of thousands of dollars have been invested over the years to characterize the forest and to demonstrate the importance of making this site a protected area under the law. The Coalition's determination and dedication was rewarded in 2021 with a significant investment from the Canadian Parks and Wilderness Society (CPAWS). This investment enabled the Coalition to complete its research and documentation on the mountain, and to develop the conservation vision and strategy that was submitted to the Ministry of the Environment in early May 2025.

In December 2022, with the support of 17 municipalities in the region and the Laurentides and Matawinie MRCs, the Coalition received notification from the government confirming its intention to make Mont-Kaaikop a protected area. In December 2023, the Council of Ministers declared an administrative reserve for the Mont-Kaaikop territories with a view to legally designating Mont-Kaaikop as a protected area.

At the provincial - and even at the national - level, there is still a great deal of work to be done to achieve the targets laid out for the creation of protected areas, but the story of Mont-Kaaikop and the Mont-Kaaikop Conservation Coalition stands out as an example of success and a source of hope for the rest of the territory.

At the provincial - and even at the national - level, there is still a great deal of work to be done to achieve the targets laid out for the creation of protected areas, but the story of Mont-Kaaikop and the Mont-Kaaikop Conservation Coalition stands out as an example of success and a source of hope for the rest of the territory.

With the creation of a protected area, the sacred aspect of the mountain is also thereby protected. For indigenous peoples, mountains are a source of life. In the following excerpt, Kevin Deer of Kahnawà:ke illustrates the importance of mountains and the symbolism they represent: